Opinion

Retour aux valeurs ancestrales : conditions indispensables

« Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple. Car un peuple sans mémoire est une nation sans histoire. »

 Les archives d’Afrique

Souvent, les gens se demandent : comment Ayiti a pu passer du stade de pionnière à celui de dernière de la classe dominée en permanence que nous le connaissons aujourd’hui ?

Cette question, somme toute épineuse, laisse perplexe tout un peuple affamé, meurtri, incapable de nuances, de paroles et de choix pertinents dans les principes de ses actions et perspectives depuis plus de deux siècles de son indépendance.

La réponse, c’est que nous avons accepté de tourner le dos à nos traditions pour aller nous soumettre à celles des autres. Cela entraîne donc des propositions de politiques de développement (économique, social, culturel…) et de gestion des pouvoirs trop souvent inadaptées aux spécificités haïtiennes. Bref, c’est l’effet de contraste !

D’aucuns reconnaissent manifestement que les peuples forts n’ont jamais tourné le dos à leur culture et à leur histoire.

Bien des exemples en attestent l’évidence durant ces quarante dernières années :

  • C’est parce qu’elle a refusé l’implantation du « Christianisme »que l’Asie est, ce qu’elle est aujourd’hui.
  • Le Japon, sommet constant de l’innovation, s’est accroché à son « Shintoïsme ».
  • La Chine, qui domine tout depuis sous la mer jusque dans l’espace, célèbre, aujourd’hui encore, le « Bouddhisme ».
  • L’Inde, puissance nucléaire et plus grande démocratie au monde, n’a jamais renié « l’Indouisme ».

Force aussi est de reconnaitre que les peuples forts n’ont jamais souillé la mémoire de leurs ancêtres.

Et c’est ce qui explique pourquoi, quel que soit l’indicateur considéré, Ayiti reste et demeure le pays le plus pauvre de l’hémisphère.

Le kidnapping de notre patrimoine cultuel et culturel est un moyen pour l’Occident de pérenniser cet appauvrissement. Cela sème, même le doute, sur la souveraineté de la première République nègre du monde constamment engluée dans un spectre hideux de sous-développement ambiant. C’est ce qui explique l’accélération effrénée du processus d’acculturation, de déni de nationalité, de désintégration de l’Être haïtien, de l’âme nationale. Le déferlement de haine et d’incompréhension vis-à-vis de nos compatriotes désormais devenus les nouveaux nomades de la planète par l’exode massif des cerveaux et des forces de travail. Le renforcement de la dépendance externe par l’élimination de la production nationale. Le pillage des ressources nationales à partir de contrats léonins, de concession, de privilèges accordés à des firmes locales ou étrangères. La prolifération alarmante des gangs armés qui ont instauré cette partition criminelle ou criminalisée du territoire national, drainant la société vers une crise aux conséquences incommensurables. Vagues déportations de nos compatriotes en République voisine, dans des conditions infrahumaines devant le silence assourdissant des dirigeants. La diplomatie haïtienne est à somme nulle,  Bref, on est en INEPTOCRATIE !

Néanmoins, la dernière intervention scélérate d’une force militaire étrangère sollicitée par les dirigeants haïtiens afin de rétablir prétendument la sécurité et la stabilité, n’est rien que pour « aménager le climat favorable á la énième souillure du sol national ». Sans état d’âme, sans aucun sentiment patriotique, sans penser au jugement infaillible de l’histoire, ils ont poussé la population vers des scènes honteuses de pillage, d’incendie, de « dechoukay», la déviant, ainsi, des revendications légitimes d’une transition de rupture et d’un changement obligatoire de système politique, nécessaires pour casser la chaîne de dépendance du pays par rapport à ces grands et petits pays voisins. Bref, quelle consternation !

En dépit de ces règles qui nous sont unilatéralement imposées, de façon brouillante et erratique, par les plus puissants à leur seul intérêt, comme si l’on était des enfants immatures sans repères ni alternative, le « principe de l’auto-détermination des peuples » dès lors devient le sujet qui interpelle la « mémoire collective ». Mais tout n’est pas perdu. Bien au contraire !

Le besoin s’affirme, aujourd’hui plus que jamais, d’un « retour aux sources et à la souche de nos valeurs ancestrales (sociétales, religieuses, culturelles…), conditions indispensables », pour garantir un développement identitaire harmonieux, juste, inclusif et durable qui s’inscrit dans la logique de « construction de projets souverains réels, cohérents et intergénérationnels ».

Incontestablement, le glas sonne pour notre « singulier petit pays qui se livre en aveugle au destin qui l’entraîne » sous l’œil passif des acteurs sociaux et politiques « de tout acabit ». Il y a tellement d’impondérables sur la chaussée. Il y a tellement de questions sans réponse aucune. Fini le temps de «l’homme providentiel ». Bien au contraire !

 C’est « l’ère du bilan collectif ». C’est « l’heure de la responsabilisation mutuelle ». Ainsi est venu le temps de « cesser de jouer à l’autruche », voire à l’haïtiannerie pour éviter tout éventuel « recyclage du pire ». C’est le moment ou jamais d’Agir avec opiniâtreté et sans commune mesure pour sortir indubitablement Ayiti de ses errements du passé, conséquence néfaste de son asservissement chronique organisé, commandité et orchestré par ses propres filles et fils à l’intérieur du pays comme dans sa grande diaspora, de décennie en décennie, au détriment de l’intérêt national.

Cela constituera ainsi un stimulant indéniable pour libérer résolument Ayiti des griffes de tous les sorciers qui se sont érigés depuis bien des lustres, en maitres du monde et de la terre et in fine ouvrir la voie à une coopération innovante et vivifiante articulée autour de l’’Unité de la Nation et de Vivre Ensemble ».

Port-au-Prince, le 05 Décembre 2022

Professeur Jean Gary Michel

Expert en Management des Collectivités Territoriales

Consultant Senior en décentralisation et développement local

(509) 4486-8385 / 3591-4258, micheljeangary02@gmail.com

Advertisement. Scroll to continue reading.

Vous pouvez aussi aimer

Sports

La CBF(Confédération Brésilienne de Football) a besoin d’un entraineur de grand calibre pour remplaçer Adenor Bacchi, dit Tite 61 ans, tiré sa révérence après...

Sécurité

La cérémonie de graduation de la 32ème promotion et celle de la 7ème cohorte des élèves-commissaire s’est déroulée à l’Académie Nationale d’Haïti (ANP), située...

Nécrologie

La doyenne d’âge a fait son grand voyage pour l’au-delà tôt ce vendredi 22 décembre 2022 à l’âge de 105 ans. C’est la fondation...

Sécurité

Plus de 400 nouveaux soldats intègrent les forces armées d’Haïti, il s’agit de la deuxième promotion de la FADH. La cérémonie de graduation de...

Copyright © 2022 Capital Info

Quitter la version mobile