Dans la nuit du 2 octobre 1937, sous les ordres du président dictateur Rafael Trujillos, les forces de l’ordre dominicaines ont massacré plus de 25,000 Haïtiens près de la rivière Dajabon, reconvertie en rivière Massacre. Cette épuration ethnique connue sous le nom de massacre du persil, qui a duré 6 jours, est répertorié par certains historiens comme l’un des génocides ayant marqué le 20e siècle.
Les faits historiques ne se répètent pas mais l’éphéméride éternise la mémoire. Le 2 Octobre 2024, les medias haïtiens ont constaté, avec stupéfaction, une déferlante dans les rues de certaines villes en République dominicaine : la chasse, la trappe, l’arrestation, la déportation immédiate de compatriotes Haïtiens immigrés en république voisine.
Le président Louis Abinader avait annoncé une semaine plus tôt que son administration allait expulser de son territoire les haïtiens dits en situation irrégulière. En effet, dès le premier octobre, les forces de police aidées des militaires se sont activées pour lancer l’opération de traquer toutes les personnes noires quel que soit leur nationalité.
Existe-t-il un état raciste dans les caraïbes ? s’interrogent des institutions caritatives et des organismes des droits humains après que la République dominicaine a annoncé mardi avoir expulsé en Haïti près de 11,000 Haïtiens au cours de la semaine dernière, respectant ainsi sa promesse de le faire chaque semaine. En dehors de tout respect des droits et de l’intégrité de la personne humaine, ces migrants haïtiens ont été traqués, violentés, humiliés et jetés de force dans une cage métallique pour être conduits à la frontière.
Les pères Jésuites, une organisation catholique, crie au scandale : «nous dénonçons avec fermeté la déshumanisation systématique subie par ces hommes, femmes et enfants déportés a la frontière. Ils sont maltraités, entassés dans des camions fermes, blessés, traités comme de simples marchandises avant d’être renvoyés de force en Haïti», a déploré cette structure soulignant que ces pratiques, violant les droits humains et les accords signés entre Haïti et la république dominicaine constituent un affront flagrant à la dignité humaine.
Le conseil permanent de l’organisation des Etats américains sitôt informé des événements s’est réuni a l’extraordinaire le mardi 8 Octobre 2024 pour adresser en urgence la situation des migrants haïtiens en république dominicaine. Le représentant d’Haïti a l’OEA, Gandy Thomas a souligné que «Malgré les avancées en matière de droits humains dans notre région, nous assistons malheureusement a de graves violations de droits des citoyens haïtiens en République dominicaine, souvent en quête de sécurité ou de meilleurs opportunités».
Le représentant permanent du Canada, de son côté, exhorte la république dominicaine à s’assurer que toutes les déportations soient effectuées dans le respect de la procédure régulière, dans le respect de la procédure du non refoulement, en assurant les droits humains, la sécurité et la dignité de toutes les personnes expulsées».
En réponse à cette situation de crise, le gouvernement haïtien a tenu, le mardi 8 octobre 2024, une réunion d’urgence à l’issu de laquelle une structure multisectorielle a été mise en place. Cette structure a pour mission de travailler sur un plan d’assistance et de prise en charge pour venir en aide aux expulsés et «refoulés».