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Milieu rural haïtien : « Si ce n’étaient pas les sources d’eau… »

Alors que l’État peine à résoudre l’accès à l’eau même pour la population urbaine , les sources continuent à être le seul point d’eau pour la paysannerie. C’est bien le cas de Kaboyé, une localité de Montagne Lavoute (6ème section communale de la commune de Jacmel). Ce quartier a un seul point d’eau qu’est « Sous la glas ». Étant donné que dans les zones se trouvant en altitude, l’eau n’est pas accessible, car les sources se trouvent en bas; pour obtenir un minimum d’eau, les citoyens de ces zones-là parcourent une longue distance pour y venir. Ceci témoigne toute l’importance qu’a cette source. D’où, elle mérite d’être bien protégée.  

La protéger s’est révélé primordial. En effet, si c’est vrai l’eau c’est la vie, comme dit le vieil adage haïtien ; de l’eau contaminée c’est du poison. Chaque année, les maladies d’origine hydrique tuent environ 5 millions de personnes, et 2,3 milliards en souffrent. Dieu seul sait combien de victimes en Haïti qui échappent à notre connaissance par le mutisme de nos statistiques. D’ailleurs, pour seulement les maladies diarrhéiques causées par de mauvaises conditions d’alimentation en eau et d’hygiène, environ 20% des enfants âgés de 0 à 5 ans en Haïti ont été tués, lit-on à la page 6 du document d’orientation stratégique pour l’assainissement en Haïti paru en 2014 sous la plume de la DINEPA. La liste des maladies provoquées par l’eau contaminée est longue. On peut citer entre autres, la typhoïde, les amibiases, les hépatites A et 

E, la malaria, l’onchocercose, le choléra, la dysenterie, la poliomyélite et la plombémie, selon ce que les experts en santé ont l’habitude de répéter.  

Après avoir marché pendant plus de deux heures, un jeudi (jeudi 01 février 2023), il était midi quand nous sommes arrivés à « Sous la glas ». Et il n’y a pas de ravines ou de rivières tout près, nous dit un notable. Y arrivant, la source était remplie. Des passagers étaient assis à son bord. Des enfants venaient se baigner. D’autres avec un récipient en main venaient chercher de l’eau. Et on a vu aussi des jeunes accompagnés de bœufs et de cochons qu’ils venaient faire boire de l’eau et les baigner. On a ressenti un soulagement pour tout un chacun, y compris les animaux, qui arrivait dans la source. Les gens buvaient de l’eau à cœur joie et lavaient leur visage de façon réjouissante.  

Suivant des échanges avec quelques habitants qui y étaient présents, ils nous ont rapporté qu’en plus de l’indispensabilité de la source pour la satisfaction de leurs besoins physiologiques et ceux de leurs animaux, ils l`utilisent pour arroser leurs jardins se trouvant le long du cours d’eau. Ils s’en servent aussi pour le nettoyage et les travaux de construction.  

Ces échanges ont conforté l’idée que tous les êtres humains se rendent compte de l’importance de l’eau. Car, ils ne peuvent s’en passer même pendant une journée. En effet, l’eau fait partie intégrante du corps humain., entre 65% à 70% de ce dernier, d’après ce que les spécialistes ont toujours avancé. Et elle assure beaucoup de fonction dans l’organisme humain. « Cette ressource aide à maintenir le volume de sang dans le corps et le niveau de salive. La régulation de la température du corps se fait grâce à elle. Ce liquide vital favorise l’élimination des déchets par l’urine. Et il permet de garder une belle peau. », selon ce que le Médecin Philippe Beaulieu nous a appris dans un article. Cet élément devient par conséquent, un droit fondamental, conformément à la déclaration universelle des droits de l’homme.  

L’eau occupe aussi une place de taille dans les plantes. Ces dernières sont en moyenne composées à 85% d’eau. Elles en utilisent beaucoup dans leur cycle journalier, en fonction des variétés cela peut varier jusqu’à des centaines de litres pour certains grands arbres. « L’eau permet de transporter des éléments essentiels dans le végétal. Elle participe au processus de photosynthèse. Elle assure la turgescence, phénomène qui donne à la plante sa forme. Pour en finir, elle contribue à la régulation de la température de l’arbre ». Information recueillie sur le site web « La grande histoire de l’eau.com ». 

L’eau couvre également 70% de la surface de la terre. Toutefois, la quantité utile pour les activités humaines est disponible en quantités strictement fixes, dictées par les lois de conservation et le cycle de l’eau. « Sur les quelques 1300 km³ d’eau qu’abrite la planète, 97,2% sont constituées des eaux salées inutilisables pour les activités humaines ; des 2,8% restant, 2,15 sont « piégés » dans les glaces polaires ; reste 0,65%, dont 0.62% sous forme souterraine », a écrit Laurent Baechler dans un article publié dans Cairn.info.  

Malgré toute l’importance de cette ressource, surtout pour les humains, l’État n’a jamais doté le pays d’un système d’approvisionnement devant garantir l’accès à l’eau pour tous. C’étaient toujours les sources d’eau non-contrôlées par les autorités étatiques qui assuraient cette fonction. Néanmoins, avec la coupe abusive des arbres et les constructions anarchiques qui causent l’assèchement de beaucoup d’entre elles, l’État s’est obligé de mettre en place certaines structures devant organiser l’offre d’eau pour la population. Une offre assez minime puisqu’une étude de la banque mondiale en janvier 2019 révèle que près de 25% des haïtiens recourent aux services du secteur privé pour s’approvisionner en eau potable. Une offre qui est aussi concentrée dans les grandes villes. Ce qui n’est pas étonnant vu que l’espace rural haïtien était toujours écarté des grandes décisions de l’État.  

C’est donc sans surprise que la DINEPA est quasiment absente dans les zones reculées du pays. Et il est rare de trouver des citernes dans certaines régions. En conséquence, « dans certaines zones rurales, plus de 40% de la population a besoin de plus de 30 minutes de marche, pour se procurer de l’eau », a rappelé l’Organisation des Nations Unies (ONU) dans une note qu’elle a publiée le 22 mars 2018. Ceux qui sont incapables d’aller prendre de l’eau à un point éloigné, se servent de l’eau des rivières ou des ravines à la boisson, à la cuisine et à la toilette. 

Questionnant quelques personnages vivant aux alentours de ce point d’eau, sur son débit, ils nous ont raconté, avec un sentiment de regret, que dans les années antérieures, le débit de la source était plus élevé comparativement à celui-ci. Et depuis cette dernière décennie, surtout en hiver, elle s’est tarie certaines fois, ont-ils ajouté. Risque pour les générations d’après de ne pas hériter de cette source. Qui donc, la protéger est extrêmement important. Surtout que dans cette localité, l’État est quasi-absente. Il n’y a aucune infrastructure publique. Et les routes de cette zone déjà montagneuse sont dans un état piteux. Ainsi, les habitants de ce quartier n’auraient même besoin d’espérer une intervention de l’État en cas du tarissement de cette source.  

D’où, la nécessité pour ces riverains de la protéger des risques de contamination pour ne pas exposer la vie des citoyens au risque de contracter certaines maladies. Tout comme, ils doivent reboiser ses bassins d’alimentation pour éviter qu’elle ne soit pas asséchée. Car, la vie des êtres vivants de cette zone en dépend grandement. 

Jonathan Gédéon, étudiant finissant en Sciences Économiques et en Sciences Comptables.

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