Economie

Les huit grands points qui ont dominé l’actualité économique nationale durant l’année 2022. 

Les médias haïtiens passaient toute l’année 2022 à commenter que des faits, des nouvelles qui montrent la fragilité et la déchéance de notre économie. Crainte des émeutes de la faim, demande d’ajustement du salaire minimum, crise de carburant, insécurité généralisée et sanctions internationales prises contre de grands noms des secteurs politique et économique sont entre autres les thématiques composant le lexique économique du quotidien médiatique national. 

Crainte des émeutes de la faim 

Tout au début du mois de janvier, les débats économiques étaient tournés autour du risque d’avoir des émeutes de la faim comme c’était le cas en avril 2008, en raison de la hausse exponentielle des prix des produits de première nécessité suite à la décision du gouvernement d’augmenter le prix de l’essence en décembre 2021. À ce moment-là, l’indice des prix à la consommation le plus récent était celui du mois de novembre 2021. Celui-ci avait enregistré une hausse mensuelle ou une inflation mensuelle de 4,7% par rapport à octobre 2021 et une inflation annuelle, c’est-à-dire par rapport à novembre 2020, de l’ordre de 24,6%. Fort heureusement, les émeutes ne sont pas arrivées. Comme d’habitude, les haïtiens se débrouillaient tant bien que mal pour continuer d’exister.

Toutefois, durant toute l’année, les chroniqueurs économiques gardaient les yeux fixés sur cet indicateur macroénconomique qui n’a jamais cessé de grimper. En effet, pour le mois d’octobre, le taux d’inflation annuel a atteint le pic de 47,2%. 

Salaire minimum 

En février, des milliers d’ouvriers, ères ont foulé le macadam durant plusieurs semaines pour exiger l’augmentation du salaire minimum. Ces mobilisations ont suscité la réaction de certains socio-économistes sur le montant qui devrait être fixé comme salaire minimum. Soudain, le gouvernement a décidé d’ajouter quelques miettes sur le salaire de ces revendicateurs, trices. 

Insécurité 

L’insécurité quant à elle tenait l’actualité durant toute l’année. Elle anéantissait l’économie nationale. En fait, beaucoup d’entreprises sont obligées de fermer leurs portes. D’autres fonctionnaient en dents de scie. Le secteur public n’en était pas exempt. À cet effet, les institutions et les entreprises publiques étaient handicapées. Qui plus est, les autorités fiscales collectaient de moins en moins d’impôts et de taxes en raison de la réduction des activités économiques et de l’accroissement des zones dites de non-droit. 

Crise de carburant 

L’année 2022 a été aussi marquée par la rareté en permanence de carburant. Cela était due, tantôt à une rupture de stock de produits pétroliers, tantôt à la non-livraison de ces derniers à cause du blocage du terminal Varreux et des grands axes routiers. Cette rareté a contribué à consolider le marché informel de ces produits. En conséquence, pour se procurer de l’essence le plus facile que possible, on devait dépenser une somme assez élevée comparativement à celle fixée sur le marché formel. Cette situation a frappé de plein fouet le quotidien du peuple haïtien. Puisque le secteur du transport était nettement bouleversé, empêchant ainsi la libre circulation des individus, des biens et des services. Par ailleurs, des entreprises n’ont pas pu fonctionner. Le pis cas, pour ne rien arranger, le gouvernement a décidé plutôt d’augmenter de façon drastique une fois de plus le prix de l’essence en date du 11 septembre. Cette décision allait déboucher sur un nouvel épisode de pays lock qui allait durer un peu plus de deux mois. 

Inflation Mondiale 

Au cours de l’année 2022, les yeux de nos analystes économiques étaient aussi braqués sur l’inflation qui s’abat dans le monde à cause surtout de la guerre russo-ukrainienne. Étant donné que la majeure partie des biens consommés par les haïtiens viennent de l’étranger, nos chroniqueurs économiques tiraient déjà la sonnette d’alarme sur l’inflation mondiale que notre économie allait importer. En fait, en raison de l’invasion russe, le prix du pétrole a été rapidement explosé. Vu que les exportations russes de ce produit ont été baissées considérablement. À noter que la Russie est l’un des plus grands pays exportateurs de pétrole. En plus de ce produit, ce pays tout comme l’Ukraine sont des puissances mondiales dans la production du blé, du maïs, d’autres céréales et de l’engrais. Du coup, cette guerre a aussi provoqué la flambée du prix des produits alimentaires. Bien évidemment, notre pays a été victime de cette inflation mondiale. Car, une grande partie de notre coût de la vie en 2022 résultait de cette montée inflationniste mondiale. 

Dette de l’indépendance d’Haïti 

À partir de 20 mai, date de la parution du dossier de New York Times sur la dette de l’indépendance d’Haïti, le débat était porté desormais sur la rançon de l’indépendance payée par le pays qui a plombé son decollage économique. Certes, ce dossier ne nous avait rien appris à propos de ce sujet; toutefois il dévoilait pour le commun des mortels la responsabilité de la France dans le sous-developpement du pays. 

Descente aux enfers de la gourde 

La dépréciation de la gourde faisait également l’objet de débats brûlants l’an dernier par le fait que notre monnaie nationale a perdu 45% de sa valeur sur l’année par rapport au dollar américain. Précisons que le taux de change officiel en date du 31 décembre 2021 était de 99,86 gourdes pour un dollar américain. Pendant que le 31 décembre 2022, on avait besoin de 145,37 gourdes pour se procurer d’un dollar vert. Malgré les différentes injections emises  par la Banque de la République d’Haïti, la décote de la gourde n’a pas été interrompue. 

Sanctions internationales contre des élites haïtiennes 

L’année 2022 avait terminé avec pour actualité les sanctions internationales prises par le Canada, les États-Unis, la Suisse et le Royaume-Uni contre des anciens et actuels dignitaires de l’État haïtien et des membres de l’élite économique nationale. Ces sanctions impliquent entre autres le gel des avoirs des personnes sanctionnées. En dehors des raisons politiques et du nationalisme, ce sujet captait l’actualité du fait que les haïtiens ont peur que le système bancaire haïtien ne soit pas en faillite. Intervenant sur ce sujet à la radio Métropole en date du 02 janvier 2023, le Gouverneur de la Banque Centrale, Jean Baden Dubois, nous a assuré que ces sanctions ne mettent pas en péril le système bancaire et/ou financier du pays. 

Somme toute, montre que du point de vue économique l’année 2022 n’était pas réluisante pour Haïti. Cet indicateur a lui-seul suffit pour expliquer tout: -1,7% de chute des activités économiques. Alors que l’année 2023 ne laisse augurer rien de bon.

Jonathan Gédéon, Économiste

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