La Borlette, jeu très populaire en Haiti, est une activité à grande échelle économique et culturelle qui prend de plus en plus d’ampleur dans le pays. Depuis des décennies, cette forme de loterie, présente sur tout le territoire national, ne cesse de gagner des adeptes.
Ancrée dans l’imaginaire collectif, elle est devenue un véritable phénomène sociétal tout en constituant également un centre de grands intérêts..
La pratique de cette loterie va même au-delà des attentes. Si d’une part, certains hésitent encore à ne pas s’adonner au jeu pour de multiples raisons, d’autre part, nombreux sont ceux qui voient les choses différemment et préfèrent même faire leurs mises à partir de rêves, de boules chance ; en fait ils jouent après avoir rêvé et de là, espèrent. Pour sa pérennisation et de fait sa structure, des institutions, des acteurs interviennent à ce marché. C’est le cas pour la Loterie de l’État haïtien, en tant qu’institution, qui intervient pour réguler, fixer les balises, encadrer les jeux de loterie qui sont pratiqués sur le territoire national.
Ayant un regard soutenu sur la borlette-jeu de hasard ayant de multiples tentacules- ces
dernières années la loterie de l’État haïtien, se donne pour obligation de consentir des efforts majeurs afin d’empêcher la commission d’un ensemble d’infractions qui sont dans le viseur de certaines organisations transnationales. À cet effet, l’institution entend continuer d’œuvrer pour la bonne marche de la loterie et permettre aux gens d’être plus en confiance tout en leur évitant bon nombre de désagréments.
Aujourd’hui en Haïti, la borlette s’est fait une place considérable dans le train-train de plusieurs millions de gens, c’est même une ligne incontournable pour plus d’un. Des plus démunis aux plus capables, ce jeu ne cesse d’attirer l’attention et du coup, de conquérir des cœurs. Certains amateurs arrivent même à témoigner de tout ce dont ils arrivent à réaliser en ne jouant que tout simplement à la loterie. Les plus chanceux, comme ils se surnomment, gagnent parfois des sommes vertigineuses, montants qu’ils n’auraient sûrement jamais acquis même en économisant plusieurs années de salaire.
En dépit des différentes crises auxquelles le pays fait face depuis plusieurs années, et qui ont de graves conséquences sur le plan économique sur les communautés, jusqu’à ralentir certaines activités dans leur élan, la loterie populaire d’Ayiti ne cesse de faire des disciples. Bien au contraire, les mises multiplient, les rêves peut-être, n’en discutons pas à propos d’espoir. Bien qu’il faille peser le pour et le contre du jeu, d’ailleurs tout naturellement c’est la loi de la vie, il semble qu’à bien des égards la borlette sort victorieuse sur de nombreux terrains. Qu’il soit la lutte contre le chômage en employant plus de personnes ou de permettre à davantage de gens de prendre de l’essor à partir de leurs gains, la borlette se révèle comme étant un atout de grande envergure, surtout à ceux qui savent oser dans la vie ; certains diront ceux qui partent de rien ou de peu, sortent pleins jusqu’aux as, grâce à une loto.
En tout cas, la loterie reste avant tout un jeu, un jeu de hasard. Un choix, peut-on dire. Une
boule chance obtenue à partir d’un rêve ou d’un simple exercice de probabilité, ça reste un jeu au sens littéral du terme. Il revient par ailleurs de comprendre mais aussi de ne point nier tout ce qui rentre en ligne de compte en étant acteurs, amateurs ou simples observateurs de borlette dans le pays. Socialement ou économiquement la borlette a son pesant d’or, encore elle représente déjà mieux sur le plan culturel.
La simplicité du jeu se comprend en effet, comme on peut le projeter, comme un court
processus entamé par quelqu’un qui se présente à une boutique et achète du pain. À la différence du tirage qui n’est pas connu d’avance, ce qui fait d’ailleurs la beauté du jeu. Mais une fois le nombre joué est dans le tirage, les autres étapes ne sont que du vent. Pas de démarches difficiles ou de labyrinthe à défier pour jouer une boule à laquelle on a
préalablement réfléchie, ce n’est qu’une affaire de temps et de choix de là où on veut faire sa fiche.
Une fois au bout du tunnel, il n’est que d’attendre et d’espérer. Avec un peu de chance de son côté, c’est probablement la seule façon de se coucher sans pourtant avoir un sous dans la poche et se réveiller avec une fiche ou un reçu qui prouve qu’on a des milliers voire des millions de gourdes à récupérer. C’est le hasard, mais qui a un prix quand même.
C’est une démarche qui va si loin au point que selon ce que disent les gens, ce qui est
carrément un secret de polichinelle, pour gagner à la loterie des gens vont chez des prêtes vaudou-les hougans, mambos- au prix de sacrifices pour acheter leurs boules chance. Des conditions s’imposent, à ce que les rumeurs disent. Certains vont de préférence prier les Saints, après des heures voire des jours de jeûne, ils sont confiants qu’ils auront leur boules chances.
Il est un constat clair, même s’il ne faut pas le généraliser, l’argent gagné à la borlette semble retourner d’où il provient. Très souvent, le gagnant d’une loto, à force de rejouer en espérant gagner plus dépense son gain et même plus. Sans omettre les autres dépenses presqu’inutiles
soit pour le plaisir démesuré et autres. En tout cas, plus d’un dit qu’on n’a pas cette culture
d’investir. On préfère le plus souvent dépenser.
Dans le couloir de la chance, on a pour boussole l’espoir de gagner, d’être celui ou celle qui a dans sa pochette le nombre qui fera le gros lot au plus proche tirage. Avec cet espoir ou cette croyance, on vit et supporte la pauvreté, on rêve que cela change pour soi et pour sa famille, mais il n’est que d’attendre.
Au tirage, si on est gagnant on sourit. Si on perd, on est déçu, parfois on a le regret, n’empêche qu’aux prochaines heures on se présente chez le même vendeur pour acheter ses nombres.
C’est un cercle vicieux, plus on est dedans, moins on n’a la chance de s’en détacher.
Cette loterie populaire d’Ayiti cache bien des secrets qui, peut-être, ne seront jamais dévoilés au grand jour, c’est devenu un phénomène sociétal qui, de surcroît, dépasse l’imagination de ceux-là même qui gagnent leur vie dans le secteur. La borlette, entre simple jeu de hasard et facteur de chance, est peut-être à des années lumière de ce qu’on voit et comprend du phénomène, dans le pays.
Yves Junior BAPTISTE, travailleur social
yvesjuniorbaptiste@gmail.com