Opinion

Et si Singapour avait la superficie d’Haïti.

Par Ed Exil-Noël

Singapour, une ville-État, est souvent perçue comme un pays à part entière. Pourquoi ? Parce qu’elle dispose de son propre gouvernement, de ses lois, de son modèle économique, et jouit d’une indépendance et d’une autonomie exemplaires. Avec moins de 1 000 kilomètres carrés de territoire, Singapour figure pourtant parmi les nations les plus avancées dans presque tous les domaines.

Face à sa contrainte géographique, ce petit État insulaire a repoussé les limites de la mer, créant des terres supplémentaires pour assurer son développement. Singapour ne compte ni sur la chance, ni sur la manne céleste, ni ne se soumet aux diktats extérieurs. À l’opposé, Haïti semble s’appuyer sur tout ce que Singapour rejette : l’attente passive, la dépendance, et l’inaction.

L’ironie des ressources
Une expression haïtienne dit : « Là où il y a des cous, il n’y a pas de colliers ; là où il y a des colliers, il n’y a pas de cous. » Autrement dit, ceux qui possèdent souvent les richesses naturelles ou des atouts précieux manquent paradoxalement de la capacité ou de la volonté de les exploiter.

Singapour, avec son territoire minuscule et limité, a su devenir une puissance économique et technologique mondiale. Haïti, avec ses 28 000 kilomètres carrés, son climat clément, ses cours d’eau abondants, ses plaines fertiles, ses plages paradisiaques et ses ressources naturelles inexploitées, reste enlisé dans la pauvreté, la mendicité et l’instabilité.

Imaginez un instant si Singapour possédait la superficie d’Haïti. Ce pays insulaire, en tirant parti de cette richesse territoriale, pourrait devenir la première puissance mondiale, redéfinissant l’usage de la flore et de la faune haïtiennes, et transformant ce territoire en un exemple planétaire de développement durable et de prospérité.

Le problème humain avant le problème naturel
Les ressources naturelles, aussi abondantes soient-elles, ne valent rien si les ressources humaines sont endormies. L’exemple de Singapour prouve que la clé du développement réside dans une gouvernance visionnaire et un leadership fort. Certains pays comme la Russie, le Rwanda, ou encore le Salvador montrent qu’ils n’ont pas besoin d’une démocratie au sens strictement occidental pour prospérer, mais de dirigeants éclairés et progressistes.

En revanche, Haïti, emprisonnée par une démocratie mal adaptée, perd un temps précieux sous l’emprise d’une constitution irréaliste, incapable de propulser le pays vers une véritable renaissance. Victimes d’un passé esclavagiste, les Haïtiens peinent à diriger sans la tutelle des marionnettistes externes, qu’ils soient à Washington, Ottawa ou Paris.

Vers une démocratie adaptée
La solution ne réside pas dans un rejet total des institutions démocratiques, mais dans leur adaptation à la réalité haïtienne. Cela nécessite un leadership rigoureux et des réformes draconiennes. Peu savent, par exemple, qu’à Singapour, jeter un crachat dans la rue est passible de sanctions publiques, malgré les critiques des défenseurs des droits humains occidentaux.

De la même manière, Nayib Bukele, président du Salvador, a défié ces critiques lorsqu’il a pris des mesures drastiques contre les gangs criminels comme la Mara Salvatrucha. Aujourd’hui, grâce à sa détermination, le Salvador est en passe de devenir une destination touristique majeure, générant des opportunités pour son peuple.

La leçon de Singapour
Si Singapour peut atteindre de tels sommets avec si peu, pourquoi Haïti, dotée de tant de richesses naturelles, demeure-t-elle dans un tel marasme ? La réponse est claire : ce n’est pas le manque de ressources qui freine Haïti, mais le manque de vision, de discipline et de leadership.

En s’inspirant de Singapour, Haïti pourrait réécrire son histoire, non pas en vendant son territoire ou en se dispersant à travers le monde, mais en construisant une nation forte, fière et autonome.

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