Un vent de friction souffle au sein de la Police Nationale d’Haïti (PNH) depuis le drame survenu à Pétion-Ville où trois agents de l’institution ont trouvé la mort dans une opération.
Pris dans une embuscade où trois d’entre eux sont tués, les policiers de Pétion-Ville tiennent pour responsables leurs supérieurs qui n’ont pas su envoyer à temps les renforts pour les aider à faire face aux assauts des bandits. Une indifférence qui dérange et soulève la colère de certains agents qui se sont montrés impolis à l’égard des responsables qui se sont rendus au commissariat après le drame.
Selon les informations rapportées, le commissaire principal ainsi que le directeur départemental de l’ouest ont été mal menés par des policiers en colère.
Actuellement, la frustration et la colère gagnent les rangs des policiers convaincus d’être ignorés par les responsables. Un sentiment qui n’est pas nouveau dans l’institution dont les membres sont devenus, depuis ces dernières années, la principale cible des bandits. Les données disponibles font état de huit victimes, pour seulement le début de l’année 2023.
Face à cette situation, beaucoup de policiers, déjà en nombre insuffisant pour couvrir le territoire, se sont resolus à quitter le pays, ce qui constitue un véritable défi pour la PNH qui a la mission de préserver la vie et les biens des citoyens mais incapable de garatir la sécurité de ses membres.
Une enquête réalisée par l’institution a révélé que plus d’un millier de policiers ont abandonné leur poste dont un nombre significatif aurait laissé le pays. Ce qui traduit un malaise profond au sein de l’institution. Mal encadrés, sous payés et souvent incompris par leurs supérieurs, certains agents se décident à s’en sortir seuls.
Dans cette perspective, la chaîne de commandement est remise en question, et les règlements intérieurs de l’institution sont foulés aux pieds. Des signes qui nous rappellent la situation qui précédait à la démobilisation des forces armées d’Haïti ( FAd’H) en 1994.
On se souvient du phénomène de « Ti Solda » dans les casernes. Des hauts gradés arrêtés par leurs subalternes et transportés au grand Quartier Général sous le regard stupéfait et indignant de la population. Ces mêmes images avaient rafait surface il y a deux ans mais cette fois au sein de la PNH qui était censée de remplacer l’armée. L’apparition brutale d’un groupe dénommé Fantôme 509 sous le couvert de la police nationale dont la méthode de revendication basée sur la terreur allait consacrer la mise en terre de l’institution policière .
De vieux démons qui font penser à la dissolution ressurgissent et heurtent l‘institution depuis ces dernières heures avec des appels répétés à la rébellion au sein de la police en vue de dénoncer l’inertie au niveau du haut commandement face à l’assassinat des policiers par les bandits. Le temps sent mauvais. La météo annonce des jours sombres sur le pays . Ce qui augure des jours difficiles pour notre jeune force publique en passe d’être victime du même piège de l’armée qui assurait le rôle de police jusqu’à sa démobilisation. Et dont le pays paie encore les conséquences .
Depuis le coup qui a fait tomber le respect de la hiérarchie militaire jusqu’à la démobilisation de l’armée, le pays vit une instabilité croissante qui menace son existence. Un déséquilibre qui nous conduit là où nous en sommes aujourd’hui.
Que peut-on faire pour éviter le pire ?