Canaan, c’est bien le nom de ce nouveau bidonville, situé entre la commune de la Croix-des-Bouquets et Thomazeau, non-loin de Port-au-Prince. Etendu sur une superficie de 50 km2, ce quartier défraie la chronique depuis un certain temps au point de voler la vedette à Cité Soleil, sa voisine qui, jadis, occupait la première place dans la liste des zones à réputation dangereuse où la criminalité et le banditisme faisaient rage.
À la place du miel et du lait qui coulaient dans le Canaan d’antan, c’est le sang qui coule à longueur de journée dans ce nouveau Canaan placé sous le règne des bandits.
Vol, viol, cambriolage, incendie des maisons, détournement de camions de marchandises, enlèvement suivi de séquestration, sont entre autres, le mode opératoire de ces bandits qui règnent en maître et seigneur. Terrorisés et tromatisés, beaucoup de citoyens se voient obligés de fuir la zone dans le but de préserver leur vie.
Pour pallier cette situation difficile à laquelle fait face cette population, la Police a effectué plusieurs opérations en vue du démantelement de ces gangs qui nuisent au bon fonctionnement de cette zone servant de pont à d’autres communes du pays. Cependant, ces interventions ont généralement débouché sur des échecs.
À titre d’exemples, un véhicule blindé appartenant à l’institution policière a été incendié, en date du Samedi 12 novembre 2022, lors d’une opération visant à déloger les gangs armés dans ce lieu classé parmi les zones dites de non droit du pays.
Quelques mois plus tard, soit le jeudi 22 décembre 2022, la Police Nationale d’Haïti a mené une nouvelle opération, mais en vain. Par la suite, comme représailles, les hors la loi ont effectué une attaque armée à l’encontre de la population. « 5 bus de couleur jaune, des voitures incendiées, et un chauffeur de transport en commun », ont été les dégâts enregistrés.
A la fin de l’année 2022, une nouvelle vidéo a tourné en boucle sur les réseaux sociaux, dans laquelle on pouvait constater des hommes lourdement armés et cagoulés. De son côté « James » ainsi connu, s’est adressé en ces termes : « nous voilà, on se présente au pays […] Ariel Henry et DDO II, vous pensez pouvoir montrer à l’international que vous menez à bien vos travaux en attaquant Canaan, je vous le dis c’est bien compter, mal calculer […] nous sommes prêt à vous combattre jusqu’aux derniers soupirs et si Canaan n’existera plus nous marcherons vers d’autres quartiers. »
Une déclaration de guerre qui témoigne l’absence des autorités et l’agressivité des individus armés qui défient comme bon leur semble les forces de l’ordre. Selon le dernier recensement réalisé en 2016, près de 200 000 habitants de Canaan sont terrorisés et terrorisent encore par des malfrats.
A ce stade, semblerait-il aucune issue n’est favorable pour cette population tant désespérée, dont les cris font encore surface? La population de Canaan trouvera-t-elle vraiment une solution à ce problème de sécurité qui la guette tant?