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Bénéfique ou maléfique pour le pays le fait que des jeunes partent aux USA dans le cadre du programme de Joe Biden? 

Depuis l’annonce du programme migratoire de Joe Biden, de nombreuses préoccupations se font exprimer dans des médias traditionnels et sur les réseaux sociaux quant aux avantages et inconvénients de ce dit programme pour notre pays. 

Ces préoccupations soulèvent le fait que ce sont les jeunes, les futurs cadres, dirigeants et responsables qui vont en grande majorité laisser Haïti. Pour certains, ce sera une perte pour le pays que la jeunesse part. Dans la mesure où beaucoup de ces jeunes qui vont partir, ont des compétences qu’ils pourraient mettre au service de la nation. Pour d’autres, c’est une belle opportunité offerte à Haïti pour permettre à nos jeunes de sortir dans le chômage tout en leur permettant de mettre en valeur leurs aptitudes. Ces deux positions opposées que soutiennent plus d’un n’abordent pas la question en profondeur. Vu qu’à notre avis, ces préoccupations devraient être plus nuancées. Parce que nous pensons que ce programme contient simultanément des avantages et des inconvénients pour le peuple haïtien. 

Un article que le Docteur en économie Thomas Lalime avait publié le 22 janvier 2018 dans les colonnes du journal Le Nouvelliste peut nous éclairer là-dessus. Cet article titré “Est-ce une perte ou une opportunité pour Haïti que la jeunesse part? [1]” était apparu à pareille époque où des milliers de nos jeunes quittaient le pays pour aller immigrer surtout au Chili, mais aussi en République Dominicaine, au Canada, aux États-Unis et aux Antilles. Ce papier était la bienvenue à l’époque étant donné que la position du Dr en sociologie Fritz Dorvilier exprimée dans un texte qu’il a publié l’année d’avant, précisément le 01 août 2017, dans le même journal n’a pas cessé de faire couler beaucoup d’encre.

En fait, dans son article titré “Vámonos: Pour une émigration choisie [2]”, Mr Dorvilier a encouragé nos citoyens à laisser le pays. Pour lui, Haïti n’avait rien à perdre dans une telle démarche. Bien au contraire, ce sera très bénéfique pour le pays, d’après le Professeur-Chercheur d’Université. 

Le Dr Lalime quant à lui se montrait plus nuancé. Pour faire passer son point de vue, il a utilisé l’analyse économique coût/bénéfice. Cette analyse, selon le chroniqueur économique du quotidien Le Nouvelliste, consiste à soustraire la valeur de l’ensemble des coûts des avantages (ou bénéfices) d’un projet ou d’un phénomène économique pour en déterminer sa rentabilité. Il poursuit en disant que si la valeur financière des avantages excède celle des coûts, on dit que le projet est rentable financièrement. Mais, on peut regarder également la rentabilité sociale en comparant les coûts et les avantages sociaux en tenant compte des externalités négatives et positives du projet sur la société, dit-il.

Pour les avantages, l’économiste cite la possibilité pour les jeunes de mieux développer leurs capacités et leurs talents, l’éventuel partage des connaissances et des expériences entre les émigrants et les nationaux et l’envoi des transferts. Pour ce qui sont des coûts, le journaliste économique mentionne la diminution de la main-d’œuvre qualifiée du pays, le montant du voyage et le gaspillage de la somme investie par l’État dans la formation de ces jeunes dans les écoles et universités publiques. 

Plus loin, Professeur Lalime a intégré la notion de coût d’opportunité ou coût de renonciation dans son analyse afin de tirer une conclusion beaucoup plus prononcée. Ce concept économique désigne le manque à gagner potentiel entre deux investissements ou deux types de financement. Suivant le sens de cette notion, le chroniqueur économique se pose les interrogations suivantes: Les jeunes gens émigrants auraient contribué à quoi en restant au pays? Ils auraient réalisé quoi durant leur vie s’ils ne partaient pas?

Comme coûts de renonciation, Mr Lalime évoque le nom de certaines personnalités qui brillent à l’étranger. Les noms de Michaëlle Jean, de Samuel Pierre, de Dany Laferrière et de Wyclef Jean sont cités par le Spécialiste en économie du développement. Après, il se pose les questions suivantes: Quels seraient les profils de ces gens s’ils n’avaient pas quitté le pays à un certain moment? En quoi est-ce que les départs de ces personnalités nuisent-ils au pays? Le journaliste a répondu sans ambages à ces deux questions en disant que, d’une part, ces personnalités n’auraient pas pu briller autant si elles n’ont pas quitté le pays. D’autre part, il montre que les départs de ces gens n’ont nui en aucun cas le peuple haïtien. Bien au contraire, certains de ces individus compétents qui ont laissé le pays participent au développement national. Il a pris pour exemple le cas du professeur Samuel Pierre qui offre de services louables à la population haïtienne. Cela étant dit, pour l’auteur du livre: Économie haïtienne: Radiographie d’un désastre, il s’agit d’une opportunité pour le pays. C’est comme une sorte de promotion, précise-til. 

De surcroît, il a souligné que, pour un pays à un taux de chômage si élevé, le déplacement de cerveaux peut être une source d’opportunité, voire une exportation de main-d’œuvre qualifiée. Pour élucider ce point, le journaliste du Le Nouvelliste a pris pour exemple l’Inde qui a exporté beaucoup d’ingénieurs au reste du monde. En outre, il a attiré notre attention sur le fait que les footballeurs sud-américains vont travailler (jouer au foot) en Europe. Par ailleurs, le professeur d’université a relaté le fait que le pays aura besoin de ces jeunes pour pouvoir amorcer son développement économique. Car, n’importe quelle société ne peut se développer sans avoir de ressources humaines. 

Le contexte actuel nous oblige à relire et à décortiquer ce texte de Thomas Lalime. Puisque ce dernier nous permet d’avoir un point de vue beaucoup plus réfléchi sur le fait qu’à présent une multitude de jeunes haïtiens veulent à tout prix fuir le territoire. Pour le reste, nous devons signaler que de janvier 2018, date de publication de l’article de Mr Lalime, à janvier 2023, il est clair que nos compatriotes manifestent beaucoup plus d’intérêt à laisser le pays. Deux raisons peuvent expliquer cela. La première, c’est le fait que c’est la plus grande puissance mondiale qui veut accueillir nos concitoyens. La deuxième, la principale raison, c’est parce que les conditions économiques et sécuritaires sont fortement détériorées au cours de ces dernières années. Cela veut dire que la solution ce n’est pas de se plaindre pour nos jeunes qui fuient le pays, mais de préférence de faire front commun pour améliorer la situation actuelle. Puisque tant les conditions de vie du pays seraient meilleures, tant nos compatriotes seront moins intéressés à aller ailleurs.

1- https://lenouvelliste.com/public/article/182159/est-ce-une-perte-ou-une-opportunite-pour-haiti-que-la-jeunesse-part

2- https://www.lenouvelliste.com/article/173939/vamonos-pour-une-emigration-choisie 

Jonathan Gédéon, étudiant finissant en Sciences Économiques et en Sciences Comptables.

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